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- Author, Isidore Kouwonou et Blaise Le Roi
- Role, BBC Afrique
- Reporting from Dakar et N'Djamena
« Plus qu’une mission, il s’agit pour nous d’un sacerdoce au sens premier du terme ». C’est en ces mots que le nouveau Premier ministre du Tchad, Allamaye Halina annonce son entrée à la Primature, succédant ainsi à Succès Masra.
La transition qui a duré trois ans, est désormais derrière le Tchad. Le pays a renoué avec l’ordre constitutionnel après l’élection, le 6 mai dernier, de Mahamat Idriss Deby comme président de la République, avec 61% des suffrages, selon les résultats officiels définitifs proclamés par le Conseil constitutionnel, devançant son opposant devenu Premier ministre, Succès Masra, 18,54% des suffrages.
Jeudi 23 mai dernier, au Palais des Arts et de la Culture de N’Djamena, le nouveau président élu a prêté serment en promettant « devant le peuple tchadien et sur l’honneur » en présence des membres du Conseil constitutionnel et de nombreux invités, de remplir fidèlement les hautes fonctions que la nation lui a confiées.
Pour Mahamat Idriss Deby, son élection est un « retour à l’ordre constitutionnel », ce qui fait de lui « un président des Tchadiens de tous horizons et de toutes les sensibilités ».
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Dans la soirée de ce même jeudi que le nouveau président a dévoilé le nom de son Premier ministre, Allamaya Halina, un proche du régime Deby, qu'il a déjà servi durant plus d’une dizaine d’années.
Allamaya Halina a rapidement pris fonction quelques heures après sa nomination, lors d’une cérémonie de passation de service entre lui et le désormais ancien Premier ministre, Succès Masra.
Une fierté d’avoir servi le Tchad pour Masra
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Deux semaines après l’élection présidentielle du 6 mai 2024 au Tchad, Succès Masra, qui a été aussi candidat à ce scrutin, a démissionné de la Primature. Il s’est opposé à la victoire de Mahamat Idriss Deby, qualifiant le scrutin de « farce ».
Mastra s’est tout de même félicité d’avoir rendu service à la nation durant les quatre (04) mois qu’il a passé à la Primature. « Le plus grand privilège qu’on puisse avoir, c’est le privilège de servir sa nation », a-t-il indiqué lors de la cérémonie de passation de service.
Le désormais ancien Premier ministre nommé en janvier dernier a fait savoir qu’il continuera à service sa nation. « Vous pouvez compter sur moi pour cela ».
Après avoir félicité son successeur, Allamaya Halina, il l’a invité à être une « source de bénédictions » pour le peuple tchadien qui attend beaucoup de lui.
Qui est donc Allamaya Halina ?
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Jusqu’à sa nomination le jeudi 23 mai dernier, le nouveau Premier ministre Allamaya Halina était ambassadeur de la République du Tchad en Chine. Il est diplomate de formation et a travaillé durant plusieurs années au sein du ministère des Affaires étrangères au Tchad, où il a occupé de nombreuses fonctions.
Il a ensuite été nommé au sein du protocole d’Etat et est devenu directeur du protocole d’Etat. Il a pendant longtemps (13 ans environ) servi à ce poste le Maréchal Idriss Deby Itno, tué au front contre les rebelles en avril 2021.
Il prend le chemin de la Chine en janvier 2023, après sa nomination par Deby fils comme ambassadeur du Tchad.
Selon les analystes, c’est un homme travailleur, compétent, mais aussi discret, très effacé, un fidèle parmi les fidèles au clan Deby. Mahamat Idriss Deby l’a choisi parce qu’à en croire ces analystes, il veut avoir quelqu’un qui ne constituera pas un obstacle à sa politique et ne lui fera pas ombrage non plus.
Allamaya Halina lui-même place sa nomination sous le signe de la « continuité du sacerdoce ». « La foi, le dévouement, l’engagement et l’intégrité, tels sont les maître mots qui doivent guider au quotidien notre action au service de la République », a-t-il déclaré au cours de la cérémonie de passation de service.
Un nouveau gouvernement de 27 membres
On connaît désormais le nouveau gouvernement du Tchad, cinq jours après la prestation de serment de Mahamat Idriss Deby comme président de la République.
C’est une équipe composée de 27 personnalités, dont six (06) ministres d’Etat et des portefeuilles qui ont changé de dénomination. On note que ce nouveau gouvernement a 15 ministres de moins que l’ancien gouvernement d’union nationale.
21 ministres dans la nouvelle équipe étaient du gouvernement sortant. 5 portefeuilles, notamment la justice, l’administration territoriale, sécurité publique, infrastructures et enseignement supérieur n’ont pas changé de détenteurs.
C’est un gouvernement composé essentiellement d’anciens ministres fidèles à Mahamat Idriss Déby Itno. Parmi eux, l’ancien ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah.
Celui-ci hérite désormais du ministère des Affaires étrangères, tout en conservant le rôle de porte-parole du gouvernement.
Il remplace à ce poste l'ambassadeur Mahamat Saleh Annadif.
Autre figure clef de ce nouveau gouvernement, l’indéboulonnable ministre de la Femme, Amina Priscille Longoh, maintenue après plus de cinq ans à la tête de ce ministère.
Le tout puissant Tahir Hamid Nguilin, cousin du chef de l’État, est également reconduit dans ce nouveau gouvernement en tant que ministre d’État, ministre des Finances. Il s’occupera désormais aussi du Budget, de l’Economie et de la coopération internationale.
Limane Mahamat, qui a conduit l’organisation du référendum, est aussi reconduit en tant que ministre d'État, ministre de l'Administration du territoire.
En outre, les anciens ministres et secrétaires d’État issus du parti Les Transformateurs, qui conteste toujours la victoire de Mahamat Idriss Deby Itno, n’ont pas été reconduits.
Aucun des huit autres candidats qui ont félicité le nouveau Président pour sa victoire n’a été nommé dans ce gouvernement.
Pour certains analystes, à travers cette nouvelle équipe gouvernementale, Mahamat Idriss Deby Itno n’aurait fait que traduire en acte sa volonté de gouverner sans partage.
En effet, lors d'un banquet offert le 17 mai dernier aux leaders des partis politiques, associations et anciens leaders rebelles ayant soutenu sa campagne présidentielle, celui-ci avait déclaré : « C'est notre projet, c'est notre victoire et c'est à nous de le porter. Donc, sur ce point, soyez rassurés, vous ne serez pas déçus. La transition est terminée. C’est une nouvelle page avec le retour à l’ordre constitutionnel. Plus de gouvernement d’union nationale. J’exécuterai mon programme avec ma coalition », a-t-il dit.
Les attentes des Tchadiens du nouveau gouvernement
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Le gouvernement que le nouveau Premier ministre vient dévoiler est tout, sauf d’union nationale.
La nature ou la figure de ce gouvernement importe peu aux yeux des tchadiens qui, eux, ont des priorités que la nouvelle équipe doit prendre en compte pour changer sensiblement leur quotidien.
Le nouveau gouvernement est d’abord appelé à réconcilier les Tchadiens. Les analystes indiquent que ces derniers sont très divisés au sortir de cette transition qu’ils n’avaient pas voulue avec Mahamat Idriss Deby qui a été propulsé à sa tête par des militaires, à la mort de son père au front en 2021.
L’opposition avait dénoncé une « succession dynastique » à la tête de ce pays d’Afrique centrale. Cette transition, prévue au départ pour dix-huit (18) mois, a finalement duré trois (03) ans au terme desquels l’élection présidentielle a été organisée le 6 mai dernier.
Selon les partis d’opposition, Mahamat Idriss Deby n’a pas eu d’« adversaire sérieux » lors de cette présidentielle, et il a muselé l’opposition dont il a par ailleurs violemment réprimé les manifestations, pendant la période de transition.
Il faut donc, pour les analystes, que le nouveau président et son gouvernement arrivent à réconcilier la classe politique et tout le peuple tchadien avec lui-même.
Ensuite le gouvernement tchadien doit se pencher sur l’éducation. Les restrictions budgétaires dues à la mauvaise répartition de l’argent du pétrole, ont amené les autorités de ce pays à revoir le salaire des enseignants qui n’ont de cesse d’entrer en grève paralysant le secteur.
Il faut donc donner la chance aux Tchadiens de pouvoir aller à l'école dans la quiétude et ainsi assurer l’éducation d’une société tchadienne plus sereine.
Le nouveau gouvernement est surtout attendu dans le secteur de l’énergie et de l’ eau. Aujourd’hui, l’eau et l’électricité sont devenues des denrées rares au Tchad. Les populations passent des jours voire des semaines sans trouver d’eau et de courant électrique.
Ces denrées vitales étaient devenues des sujets de campagne pour les candidats quelques jours avant la présidentielle du 6 mai dernier.
Mahamat Idriss Deby a même promis que les Tchadiens auront de l’eau potable et l’électricité sept jours sur sept s’ils votent pour lui.
Il est également attendu du nouveau gouvernement qu'il améliore le système de santé au Tchad, ainsi que la construction des infrastructures routières et l’amélioration du secteur de l’élevage et de l’agriculture.
Le problème de l’insécurité tient aussi à cœur aux Tchadiens. Il y a notamment les conflits intercommunautaires qui ne cessent de s’amplifier, faisant des blessés, des morts et des déplacés à l’intérieur du pays.
Le gouvernement doit pouvoir aussi lutter efficacement contre les rebelles et autres groupes djihadistes qui constituent des menaces sérieuses pour le pays.
Le gouvernement devrait aussi faire face à la corruption et les détournements des deniers publics qui sont un souffre-douleur pour l’administration du Tchad.
Autant de défis à relever par le nouveau gouvernement dont la composition a finalement été dévoilée ce lundi après-midi.
Voici la composition de la nouvelle équipe gouvernementale
Ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Tchadiens de l’étranger et de la coopération internationale, porte-parole du gouvernement, Monsieur Abderaman Koulamallah
Ministre d’Etat, ministre de la Justice et des Droits humains, garde des Sceaux, Monsieur Abderahim Breme Hamid
Ministre d’Etat, ministre de l’enseignement supérieur de la recherche scientifique et de la formation professionnelle, Docteur Tom Erdimi
Ministre d’État, ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Monsieur Limane Mahamat
Ministre d’État, ministre de la Femme et de la Petite Enfance, Madame Amina Priscille Longoh
Ministre d’État, ministre des Finances, du Budget, de l’Économie et du Plan, Monsieur Tahir Hamid Nguilin
Ministre de l’éducation nationale et de la promotion civique, Monsieur Mamadou Boukar Gana
Ministre de la santé publique, Docteur Abdelmadjid Abderahim Mahamat
Ministre de l’eau et de l’énergie, Monsieur Patalet Kanabe Marcelin
Ministre de l’Action sociale, de la solidarité et des affaires humanitaires, Madame Fatime Boukar Kossei
Ministre des Armées, des anciens combattants et des victimes de guerre, Monsieur Issakha Maloua Djamous
Ministre de la Sécurité publique et de l’immigration, Contrôleur Général de Police de 3ème Grade Mahamat Charfadine Margui
Ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement Durable, Docteur Idriss Saleh Bachar
Ministre des Infrastructures, des Enclavements et de l’Entretien Routier, Monsieur Aziz Mahamat Saleh
Ministre du Pétrole, des Mines et de la Géologie, Madame Ndolenodji Alix Naimbaye
Ministre de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme et de l’habitat, Monsieur Assileck Mahamat Halata
Ministre de la fonction publique et de la concertation sociale, Monsieur Abdoulaye Mbodou Mbami
Ministre des communications, de l’économie numérique et de la digitalisation de l’administration, Monsieur Boukar Michel
Ministre des Transports, de l’Aviation Civile et de la Météorologie Nationale, Madame Fatime Goukouni Weddeye
Ministre de l’Élevage et de la Production Animale, Monsieur Abderahim Awat
Ministre de la Production et de l’Industrialisation Agricole, Monsieur Kedha Balla
Ministre du développement touristique, de la culture et de l’artisanat, Monsieur Abakar Rozzi Teguil
Ministre de la jeunesse et des sports, Monsieur Abakar Djarma
Ministre du commerce et de l’industrie, Monsieur Guibolo Fanga Mathieu
Ministre secrétaire général du gouvernement, chargé de la promotion du bilinguisme, des relations avec les grandes institutions, Madame Ramatou Mahamat Houtouin
Ministre délégué auprès des ministres des Affaires étrangères, chargé de l’intégration africaine et des tchadiens de l’étranger, Madame Fatime Aldjine Garfa
Ministre délégué auprès du ministre des Finances, chargé de l’économie et du plan, Madame Fatime Haram Acyl
Secrétaire d’État à l’enseignement supérieur à la recherche scientifique et à la formation professionnelle, Monsieur Abakar Moussa Kallé
Secrétaire d’État à l’Administration du territoire chargé de la décentralisation, Monsieur Ahmat Oumar
Secrétaire d’État aux Finances et Budgets, Monsieur Ali Djada Kampar
Secrétaire d’État à l’Éducation nationale, Monsieur Maïdé Hamid Louni
Secrétaire d’Etat à la Santé publique, Professeur Abderasakh Adoum Fouda
Secrétaire d’Etat aux infrastructures chargées de l’entretien routier, Madame Haoua Abdelkarim Ahmadaye
Secrétaire d’Etat au pétrole chargé des mines et géologie, Monsieur Oumar Djimé Moussa
Secrétaire général adjoint du gouvernement, Monsieur Saleh Bourma
